Thierry
Cailleteau Interview réalisée
par email le 23 octobre 2003
Vous succédez dans ce 3ème tome de Wayne Shelton à la plume de Jean
Van Hamme, alors qu'on vous connaît surtout pour vos séries Aquablue et
Cryozone où vous melez habilement la SF et l'aventure ainsi que pour 500
Fusils, un western dans un registre nettement plus dur. Traiter de
l'aventure contemporaine fut-il une nouvelle expérience pour vous?
Pas tant que ça. Finalement, nous
restons dans la BD populaire classique. Les ressorts dramatiques sont
relativement semblables, seuls les décors changent. Quand Nao, sur Aquablue,
prend un vaisseau spatial pour se déplacer, Wayne Shelton loue une voiture !
Le second avance un peu moins vite que le premier, mais à l'arrivée c'est
toujours le "méchant" de l'histoire qui va se faire étriller !
Comment s'est passé le remise du
flambeau entre Jean Van Hamme et vous? Il y a près de vingt ans de
différence d'âge avec lui, il y a -t-il eu un conflit de génération?
Justement non ! Jean et moi ne
sommes pas au même stade de nos carrières respectives, ce qui fait que nous
ne nous sommes jamais sentis en compétition l'un par rapport à l'autre.
Notre collaboration n'en a été que plus sereine et plus constructive. De
plus, Jean, pourtant "père" de Wayne Shelton, a toujours été très
respectueux de mon travail et très ouvert face aux rares divergences de
sensibilité que nous avons pu rencontrer au cours de l'élaboration de cet
album.
Cette série est votre première
reprise, avez-vous écrit "à la manière de" ou est-ce une nouvelle facette de
votre talent que nous découvrons?
Je ne pense pas avoir écrit ce
Shelton 3 "à la manière" de JVH. En revanche, il est évident que je me suis
basé sur le ton des deux albums précédents pour concocter ce numéro 3.
J'espère avoir apporté ma touche personnelle, tout en rendant hommage à mon
prédécesseur.
Pour cette reprise, j'ai cherché
à me glisser dans la peau de Shelton plutôt que dans celle de Jean Van
Hamme.
Maintenez-vous votre déclaration
dans Bo-Doï 52 du mois d'avril 2002: "Je suis flatté qu'ils aient pensé à
moi. Shelton, avec son côté un peu Bernard Prince, est le héros de Van Hamme
qui me correspond le mieux. Mais j'ai dû l'apprivoiser. Au début, il m'est
apparu comme un con d'Américain brutal. Peu à peu, j'ai rempli ses creux
sans tahir Van Hamme. Aujourd'hui, nous sommes amis, Wayne et moi. Et
l'inspiration a suivi."
Je ne sais plus si le journaliste
de Bo-Doï a inventé l'expression "con d'Américain brutal", ou si elle m'a
échappé à chaud au cours de l'interview. Dans tous les cas, elle est
impropre, et j'en regrette la xénophobie.
Quand vous dites remplir ses creux
en parlant de Wayne, vous pensez aux aspects psychologiques du personnage, à
ses réactions?
Dans "La Mission" et dans "La
Trahison", notre ami Wayne Shelton a une opération si délicate à orchestrer
qu'il a peu le loisir d'exprimer certains aspects de sa personnalité, qui
sont donc restés dans l'ombre. C'est finalement une chance pour le repreneur
que je suis, car cela m'a permis de façonner, de "terminer" le personnage à
mon goût, sans pour autant trahir ce qui avait été fait avant.
Comment fonctionne votre tandem avec
Denayer?
Il pédale dans les côtes pendant
que je lis la carte routière ! Plus sérieusement, je regrette un peu que
cette histoire de reprise entre Jean et moi ait tendance à occulter
l'excellent boulot de Christian, qui a livré là un de ses meilleurs albums.
Pouvez-vous nous fournir une page de
scénario du tome 3 pour illustrer votre façon de concevoir un scénario?
Non :-)
A l'origine Wayne Shelton était un
one-shot, avec vous aux commandes, quelle est votre vision de la série
puisqu'il s'agit maintenant de faire vivre d'autres aventures à ce héros?
Des "one-shots"... à répétition !
Vous pouvez déjà nous dire un mot du
tome 4?
Jean avait imaginé que Shelton
avait fait partie, dans sa jeunesse, d'une unité spéciale au Vietnam. J'ai
saisi la balle au bond, et l'histoire se déroulera en partie là-bas, en
flash-back, et de nos jours, lorsque le passé ressurgit.
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