UN CASSEUR


L'événement de la semaine dans Tintin c'est la parution du premier épisode des CASSEURS, HAUTE TENSION, de Christian Denayer. Mais qui y a-t-il derrière Al Russel et Brock ?
Un dessinateur à l'accent américain mâchouillant un gros cigare nauséabond, posant ses pieds sur le bureau dès le début de l'entretien pour prouver à l'intervieweur qu'on n'est pas là pour rigoler ? Pas du tout! C'est un jeune homme très calme, bien mis, au rire facile.
Si j'avais donc des inquiétudes, elles sont balayées, l'entretien ne se terminera pas à coup de revolver.

- Christian, cette nouvelle série, quelle définition pourrait-on lui donner?

- Western automobile, je crois que c'est ce qui résume le mieux.

- L'action se déroule en Californie, pourquoi ?

- A cause de la diversité des décors. D'abord des grandes villes comme San Francisco, et aussi des montagnes, des plaines, des plages, les plus grandes possibilités dans les paysages. Si j'avais choisi New York, je n'aurais eu que du béton; c'est monotone. Toutefois, dans ce récit et plus particulièrement dans les décors, j'ai voulu montrer un aspect de l'Amérique qui ne soit pas celui des cartes postales, où tout est propre, net, bien « léché ». On verra ici des bas quartiers misérables, des Américains pauvres. C'est aussi une réalité des Etats-Unis. Sans se complaire dans le sordide, c'est un côté des choses qu'on doit aborder.

- Pourquoi cet amour des voitures ?

- Ah ça! C'est comme ça, je n'y peux rien. J'ai une véritable passion pour les carrosseries de voitures et j'éprouve d'intenses satisfactions à les dessiner, à en inventer de nouvelles, même parfois à modifier celles existantes quand elles ont une chose ou l'autre qui me semble raté. Mais je vais te faire un aveu.

- Oh ! oui, oui, j'aime les aveux !

- Eh bien voilà, ce que j'adore surtout dans mes dessins, c'est démolir des voitures.

- Tiens, tiens. Est-ce que sous cet aspect de jeune homme de bonne famille se cacherait un horrible terroriste ?

- Je ne sais pas. En tout cas j'ai un certain plaisir à mettre en pièces ces produits symboliques de la société de consommation. Mais mon plaisir est surtout d'ordre graphique, car c'est réellement passionnant de décortiquer pièce par pièce une bagnole en plein crash. 

- Dans la vie de tous les jours, tu en casses beaucoup?

- Oh! non, non. Au contraire j'en prends soin. D'ailleurs, tu sais, j'ai une voiture très « pépère », et je ne suis pas du genre fou du volant. 

- A t'observer, comme ça, une question me vient à l'esprit: serais-tu un dessinateur heureux ?

- Il y a de ça.


       
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