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CHRISTIAN DENAYER ET ANDRE-PAUL DUCHATEAU |
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| Dix ans déjà que, nés de l'imagination d'André-Paul Duchâteau et du dessin alerte de Christian Denayer, les Casseurs font !a joie des lecteurs de Tintin! Une décennie au long de laquelle,
Al Russel et Brock, ainsi que quelques autres, nous auront entraînés dans une suite ou plutôt une cascade d'aventures aussi rocambolesques que périlleuses. De «Haute tension» la première, à « Big Mama » la dernière de leurs péripéties, en passant par « La corrida infernale», « la fosse aux alligators», « Florida Connection», «Train d'enfer», etc... on ne compte plus les superbes bolides qui entre leurs mains ont connu un sort digne des sculptures de César! Dix années de casses, cela valait bien que l'on y consacre quelques pages. Et plutôt que de nous étendre en
considérations savantes sur le sujet, il était certainement préférable de donner la parole à leurs talentueux et infatigables auteurs. C'est donc ce que
nous avons choisi de faire en les interrogeant pour vous. «L'initiative, explique André-Paul Duchâteau, en revient à Christian Denayer. Je ne dirai pas qu'il était las de dessiner de magnifiques bolides aux chromes rutilants, mais il avait envie de créer parallèlement autre chose. Ces superbes machines qu'il avait l'habitude de reproduire dans toute leur splendeur, il voulait aussi les montrer à l'état de carcasses. Il souhaitait se défouler, sur le papier, en provoquant d'incroyables accidents et en organisant de spectaculaires cascades. Il trouvait graphi-quement et narrativement intéressant d'exploiter l'aspect catastrophe des poursuites en voiture. Il m'a donc demandé si j'étais d'accord de participer à ce projet, Comme j'étais déjà le scénariste des aventures d'Alain Chevallier et qu'entre Christian et moi, les rapports de collaboration étaient excellents, j'ai immédiatement accepté. L'idée s'est ensuite précisée d'une nouvelle série à la fois parodique et dramatique, un peu à la manière des films d'action et des feuilletons de télévision américains. Notre intention était d'abord d'alterner ces histoires plus fantaisistes avec celles réalistes et sérieuses d'Alain Chevallier. Ainsi s'est élaboré un premier épisode dont les personnages principaux étaient des voitures conduites par deux détectives assez intrépides et que nous avons appelés les Casseurs tant ils démolissaient les véhicules qu'on leur confiait. Cela s'intitulait « Haute tension » et on y voyait une succession de crashes insensés. J'y ai pris, à l'écrire, énormément de plaisir. Je dois également avouer qu'il me plaisait beaucoup d'aborder ce genre de scénario. J'adore les films de série B hollywoodiens et je rêvais depuis longtemps de transposer cela en bandes dessinées. Les Casseurs m'offraient enfin l'occasion de le faire. Progressivement, nous avons abandonné l'aspect dramatique pour un style plus proche du burlesque. Avec « Big Mama», nous sommes revenus à des propos plus sérieux, mais il est certain que la série connaîtra encore d'autres évolutions. |
DIX ANS |
personnalité plutôt effacée». «C'est d'ailleurs souvent le cas lorsqu'on met en scène de pareils duos. Le personnage le plus burlesque prend volontiers le pas sur l'autre plus sérieux. Voyez, constate Duchâteau, le capitaine Haddock et Tintin, Chick Bill et Kid Ordinn, Astérix et Obélix... Voyez au cinéma Laurel et Hardy, Abott et Costello. Il faut néanmoins préciser qu'Al Russel a jusqu'ici été quelque peu négligé. Nous n'avons pas exploité toutes les possibilités de ce personnage. Dans l'épisode que nous préparons, son rôle sera nettement plus développé. Brock conservera la même importance et Russel aura des responsabilités davantage marquées. Nous insisterons notamment sur la description du milieu social dont il est issu... tissu américain, il va de soi! (*) Certains des protagonistes apparus dans leurs dernières aventures mériteraient aussi pareil développement. Je pense à Jack et Laviolette notamment, deux des comparses de « Big Mama ». » - Comment expliquez-vous le succès populaire de tels casses? « C'est évidemment toujours dommage de voir une superbe machine réduite à l'état de ferraille! Cela dit, je crois que les gens y trouvent une sorte de défoulement, dit Christian Denayer. Leur voiture, ils en prennent un soin extrême, mais dans leur subconscient, il leur arrive certainement d'avoir envie de la détruire. Voir au cinéma, ou en bandes dessinées, des cascades assez folles, les soulage de leur agressivité». « Au cinéma, ce genre de spectacle a connu dès le début un énorme succès, poursuit Duchâteau. C'était déjà un des gags préférés des grands burlesques américains: Charlot, Laurel et Hardy, Buster Keaton épluchaient littéralement des automobiles. C'est une espèce de démythification de l'objet de consommation par excellence. Tout le monde n'a pas les moyens de s'offrir des accidents en Porshe ou en Ferrari. Nous, on peut se permettre ce luxe-là... à peu de frais » ! - Dessiner des crashes d'une manière aussi réaliste suppose une certaine expérience... « Il va de soi que je n'ai jamais tenté d'imiter mes héros, souligne Denayer! Pour me faire une idée précise de ce que cela représentait, j'ai visité plusieurs cimetières de voitures et je me suis renseigné auprès de démolisseurs. Bien sûr, ces tas de ferrailles impliquent nécessairement des blessés et des morts. Ce n'est évidemment guère réjouissant! Dans nos histoires, il y a toujours beaucoup de casse, mais il n'y a par contre jamais de dommages corporels. Certains films aussi de cinéma ou de télévision m'aident (*) Un gag signé Duchâteau et qui plaira évidemment aux amateurs de liaisons dangereuses... |
énormément à imaginer comment les choses peuvent se passer. Chez nous cependant, ces carambolages catastrophiques fournissent les éléments drôles de l'action». - Cette forme de violence parodique ne risque-t-elle pas de provoquer une certaine confusion dans l'esprit des lecteurs?
« Je suis très content de m'expliquer sur ce problème, avoue Christian Denayer. On me reproche effectivement souvent le côté violent des Casseurs. C'est vrai que ces accidents, ces cascades traduisent une certaine
violence. Encore une fois, cela ne s'exprime que par des dégâts matériels. De plus, nous ne l'exploitons jamais
gratuitement. Les lecteurs quelque peu sensés doivent tout de même bien s'imaginer que les choses, dans la réalité, ne se passent pas aussi
conforta-blement. L'actualité est là qui le leur prouve quotidienne-ment. On est ici dans le domaine de la bande dessinée, en pleine fantaisie» ! Propos recueillis par Jean-Louis LECHAT dans Tintin No 15 du 9 avril 1985. Photo Jacques Kievits
POURQUOI |
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| Dans quel sens? A vrai dire, nous ne le savons pas très exactement. Ainsi, nous pensons situer la prochaine histoire au cours des années 60. Cela nous permettrait de reconstituer l'ambiance de l'époque ».
- Mais qui donne généralement l'idée de départ? «C'est tantôt Christian et c'est tantôt moi, répond Duchâteau. Il n'y a pas à ce niveau-là de règles bien strictes. D'où que cela vienne, c'est néanmoins toujours ensemble que nous le développons. Chaque histoire est le résultat d'une étroite collaboration. Christian avait, par exemple, l'envie de raconter une aventure dans laquelle interviendraient des camions, j'ai donc imaginé une intrigue policière qui se déroulait dans le monde des routiers. Il en est sorti les « Big Marna» I et II »...
« Il y a aussi, de part et d'autre, des éléments autobiographiques, ajoute Christian Denayer. André a, comme moi, effectué plusieurs voyages aux Etats-Unis. Chacun en a ramené des impressions qu'il est fort intéressant de confronter. Je dois reconnaître que ces impressions concordent bien souvent.
Il arrive cependant parfois que l'un en apprend à l'autre. Le second tome de « Big Mama» a pour cadre le Québec. André, qui y est allé régulièrement, connaît très bien l'atmosphère de Montréal et des Laurentides. Cela l'amusait de la décrire. Pour moi qui n'y suis jamais allé, c'était une découverte. Grâce aux indications et documents qu'il m'a fournis, je suis parvenu à recréer ces décors très particuliers. Si bien que finalement, j'avais le sentiment d'y avoir été! » - Qui sont les véritables vedettes de cette série? «Nous, bien sûr, s'exclame Denayer! Cela dit, je crois que ce sont surtout les voitures, camions et autres engins roulants... Les personnages ne sont là que pour les mettre en valeur et provoque; les rebondissements. Ils n'en jouent pas moins un rôle important. Entre Al et Brock, les deux protagonistes principaux, existent des différences notoires de caractères. Brock est certainement le héros le plus marquant. Al Russel a, lui, un comportement plutôt fade, un |
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